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Témoignages de survivants

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Une minute de course sous les balles qui ne s’arrêtent pas.

Adi B.'s story

Par miracle, on arrive à sortir de ce carnage.

Ce jour-là restera gravé en moi à jamais.

Avec quelques amis, nous décidons de rejoindre la fête qui a lieu dans le sud.

Nous partons de Kiryat Shmona (ville à la frontière nord d'Israël) et arrivons près de Sderot et des kibboutzim du sud.

Je sens que quelque chose ne va pas. Je dis au pote qui est avec moi : « Écoute, j’ai un mauvais pressentiment, j’espère qu’il n’y aura pas de grabuge ». Mon copain me dit : « Laisse tomber, on est venu pour s’amuser, n’y pense pas ». Alors je me dis n’y pensons plus, je décide de profiter du moment, de m’amuser…

Nous arrivons au festival, l’ambiance est bonne, les gens sont heureux, dansent.

Vers 5h30 du matin, mon copain me dit : « Adi, qu’est-ce qu’il y a ? Vas-y, lâche-toi ! Profite avec moi ! » Je sens toujours que quelque chose ne va pas. Je lui dis « Je sais pas, je le sens pas ».

Moins d’une heure plus tard, on se retrouve en plein cauchemar. Ça commence par des sirènes qui se mettent à sonner. Il est 6h30 du matin, le film d’horreur de ma vie commence.

On nous bombarde de partout. Mon copain est en panique totale, il se met à courir dans tous les sens. J’essaie de le calmer, de lui dire que tout va bien. Et jusque-là, c’est vrai. Des missiles, c’est quoi pour nous ? On vient de Kyriat Shmona, on connaît.




On se dirige vers la sortie pour chercher la voiture.

Dans le ciel, je vois des dizaines de drones, au loin mais qui se rapprochent. Dans un esprit encore positif, je me dis que ce sont des promeneurs israéliens, à cause des roquettes, ils cherchent sans doute à se poser en terrain ouvert. Je trouve la voiture. Je monte. J’entends des coups de feu en rafale. Je ne comprends toujours pas vraiment ce qui se passe. Je commence à conduire vers la sortie. En chemin, je vois que les gens sortent de leurs voitures et courent dans tous les sens.

J’arrive à rejoindre la route. Un policier posté là me dit : « Prends à droite, tu ne peux pas prendre à gauche. » Et je lui réponds : « Waze m'indique de tourner à gauche, je veux aller à Kiryat Shmona ! » Il insiste : « Mec, y’a pas de gauche, prends à droite ». Je tourne à droite. Au bout de 700 mètres environ, Waze m’indique de faire demi-tour. Il n’y a pas d’autre route. Je fais demi-tour au milieu de la route et je roule. Sur la route je vois des voitures renversées, des gens à terre et je ne comprends toujours pas. Jusqu'à ce que la voiture devant moi s'arrête, la porte conducteur s’ouvre et je vois le conducteur simplement s’effondrer, une balle dans la tête. Dans la voiture, mon copain perd la tête. Il hurle « Roule, roule !! ». Je lui crie de se calmer, que je dois essayer de comprendre ce qui se passe.

Évidemment tout ça ne dure que quelques secondes, qui paraissent une éternité. Un type surgit près de notre voiture. Il nous demande de l’aide. Il saigne de partout et crie : « Des terroristes ! » J’ouvre ma fenêtre et avec le type de la voiture d'à côté, on se concerte. On se dit qu’il faut l’aider. On n’a même pas le temps de finir notre phrase qu’apparaissent des pick-ups bondés de terroristes armés jusqu’aux dents. Ils nous canardent dans tous les sens. J’arrive à faire demi-tour et je fonce à toute vitesse. Pendant qu’on roule, ils nous mitraillent, on voit des terroristes de partout. Par miracle, on arrive à sortir de ce carnage.

Tout en conduisant, j'écris sur le groupe WhatsApp de la famille « Je vous aime, pardon ». Mais j'efface tout de suite le message sans même l’avoir envoyé. Ils ne savent pas que je suis ici. Pas moyen que je leur fasse ça ! Et je me dis : « Pas moyen que tu laisses faire ! Ces gens, que tu hais plus que tout, aucune chance que tu les laisses te tuer ! »

Je commence à comprendre que je dois reprendre le contrôle de la situation. En attendant, j’envoie un message sur un groupe d’amis.


On n’a même pas le temps de finir notre phrase qu’apparaissent des pick-ups bondés de terroristes armés jusqu’aux dents. Ils nous canardent dans tous les sens.

Adi tells his friends about the terrorists shooting

Je m'arrête à côté d’un abri et j’appelle une amie proche. Elle était en panique quand les roquettes ont commencé à tomber. Il faut qu’elle et son petit ami viennent avec moi. J’appelle et c’est lui qui répond. J’essaie de lui dire qu’il y a des terroristes partout. Il me répond qu’ils savent, qu’ils essaient de s’enfuir, que je dois fuir aussi. Je raccroche.

Je me remets à rouler.

Je sais que si je sors de la voiture je ne pourrai m’occuper que de moi-même. L’ami qui est avec moi en voiture a perdu la raison, je risque de le perdre à tout moment si on sort. Je me dis « Pas question ! » et je continue de rouler. Je me dirige vers le kibboutz le plus proche mais le portail est fermé. Impossible d’entrer. Je repars.

En chemin, les conducteurs des voitures que je croise essaient tous de me dissuader de continuer dans ce sens, dans cette direction aussi il y a des terroristes.

Mais tous les abris sont pleins de gens ! Je continue à rouler. Par miracle et avec l’aide de Dieu, Roi des Rois, je parviens à échapper à ce massacre. J’arrive à Netivot et je me cache pendant une heure à peu près. Enfin, un de mes amis habitant la ville me répond et je pars me réfugier chez lui. Mais le cauchemar n’est pas fini. Ici aussi, c’est le chaos.

En chemin, les conducteurs des voitures que je croise essaient tous de me dissuader de continuer dans ce sens, dans cette direction aussi il y a des terroristes.

Grâce à Dieu, nous sommes là pour raconter notre miracle, on ne peut pas expliquer ça autrement !

Je suis vivant et ça ne va tellement pas de soi. Merci mon Dieu !!

Je veux que le monde sache que ce qui nous est arrivé est une Shoah ! Il n’y a aucune autre description possible ! Qu’on ne vienne pas me raconter d’histoires sur notre victoire finale. Nous avons subi de grandes pertes. Ce ne sont pas seulement nos frères et sœurs qui ont été assassinés et pris en otage, mais aussi notre âme. Le seul moyen de peut-être pardonner à tous ceux au-dessus de nous qui nous ont abandonnés est la création d’une ville du nom de Nova, à la place même de cet endroit maudit nommé Gaza.

Aimez la vie, chérissez-la, pardonnez, soyez compatissants, dites à vos proches que vous les aimez, tout le temps. À Celui qui nous a sauvés.

Ce ne sont pas seulement nos frères et sœurs qui ont été assassinés et pris en otage, mais aussi notre âme.

Adi B puts on tefillin


Adi B.



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