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Témoignages de survivants

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Nous étouffons à cause de la fumée dans l’abri, nous n’avons pas d’air

Victoria P.'s story

Je me fous de savoir qui ou quoi se trouve sur notre chemin, écrase tout, avance, avance, avance

9 Jours se sont écoulés et j’ai reçu énormément de demandes de mes amis qui souhaitaient que je témoigne. J’ai donc décidé d’écrire notre histoire, celle de notre survie.

Samedi matin, l’application Cumta se met à sonner, j’ai à peine le temps de prévenir Yakir (mon mari) de vive voix.

Comme d’habitude, on ne stresse pas: On va voir comment vont les enfants avant d’amener la petite dans la chambre blindée, c’est aussi la chambre des garçons .

On se dit que ce sera peut-être la seule alerte et que c’est pas la peine de se mettre à l’abri.

6h30 du matin, les alertes se succèdent et on décide de mettre tout le monde dans la chambre sécurisée afin de ne prendre aucun risque.

Une voisine essoufflée frappe à la porte: elle est seule chez elle avec ses trois enfants. Nous l’avons faite entrer et Yakir l’a rassurée. Je suis allée chez elle rassurer ses enfants jusqu’à ce qu’elle se calme. Puis elle a rejoint ses enfants, et moi les miens.

Ensuite, je suis allée sur le palier pour discuter avec nos voisins de cette situation inhabituelle et soudain on a entendu des tirs en rafale.

L’une des voisines m’a crié "Infiltration de terroristes!"

Moi, en rigolant, je lui ai répondu que non, ici à Sderot ce n’était pas possible: les terroristes auraient beaucoup de chemin à parcourir pour arriver jusqu’ici, et ils seraient arrêtés et éliminés par des tortues Ninja.".

Mais ça ne s’est pas passé ainsi.

Ils se trouvaient dans le quartier d’à côté de chez moi.

Ils sont entrés avec environ cinq jeeps, de tortues Ninja. Dans chaque jeep, il y avait entre 7 et 10 terroristes qui tiraient dans toutes les directions.

Pour ne pas prendre de risque, (nous vivons en rez-de-jardin), nous sommes montés chez une voisine au cinquième étage.

Cette voisine incroyable nous a accueillis, nous cinq, ainsi qu’une autre famille de quatre personnes, dans son appartement de trois pièces, avec énormément de patience, de sensibilité et d’amour. Je la remercierai pour ça toute ma vie.

Les tirs ne cessent pas. Les forces de sécurité, l’armée, quelque chose?

Personne n’arrive, uniquement des tirs en rafales et le bruit des sirènes.

On tente de rester calmes pour ne pas affoler les enfants.

Ce n’est qu’aux alentours de 16 heures que les forces de sécurité ont commencé à arriver.

Au milieu du vacarme, je ressentais une immense peur intérieure. Je ne voulais qu’une chose, sortir de cet enfer en vie.


Je ne voulais qu’une chose, sortir de cet enfer en vie.


Les premières informations commencent à tomber, annonçant les horreurs perpétrées dans les kibboutzim. Des messages de la mairie, aussi, nous exhortant de nous barricader à l’intérieur, de garder le silence et de ne pas s’approcher de la porte.

En plus de toute cette angoisse, des amis de Nir Yitzhak nous ont envoyé un message disant que les terroristes étaient dans leur maison, ils nous ont fait leurs adieux. Le stress monte encore, et on essaye de garder le contact avec eux pour nous assurer qu’ils sont en vie.

Plus tard dans la soirée un tank est arrivé, oui un tank mais également des hélicoptères Apache au-dessus de nos têtes.

La nuit était tombée mais le calme n’était pas encore rétabli.

Des tirs, des sirènes, et une fumée épaisse recouvrait toute la ville.

Le dimanche, après une nuit blanche, et 24 heures sans appétit, vers midi, j’ai décidé que je ne laisserai pas les enfants dans cet enfer et que nous quitterions la ville .

Mon mari m’a demandé d’une voix tremblante « Es tu sûre de toi? » et j’ai crié : « Oui, maintenant! ».

Il y a toujours beaucoup de terroristes dans le coin.

Ma réponse fut catégorique : « Et puis quoi encore ? On va les attendre avec du café et une cigarette ?

Sortons maintenant. Beaucoup de soldats sont désormais dans la ville, les terroristes se cachent sûrement. C’est le moment. ».

Mon mari m’a répondu « Il y a beaucoup de corps sur les routes, du sang, des véhicules criblés de balles ».

J’ai hurlé « Maintenant! ».

On a pris peu de choses, une valise pleine de vide.

On a fait entrer les enfants dans la voiture et on les briefe: à part respirer, tout est interdit.

Sur le chemin on entend une alerte rouge. Yakir décide de s’arrêter à côté d’un mur, et la roquette est tombée sur la route, juste en face de nous.

Il m’a alors demandé, encore une fois,« Tu es bien certaine de vouloir partir? ».

J‘ai commencé à lui donner des consignes.


On a fait entrer les enfants dans la voiture et on les briefe: à part respirer, tout est interdit.

WhatsApp screenshot - "terrorists are in our home, we love you"

« Je me fous de savoir qui ou quoi se trouve sur notre chemin, écrase tout, avance, avance, avance ». Je n’ai pas arrêté de réciter le Shema Israël.

la roquette est tombée sur la route, juste en face de nous.

Des minutes remplies d’une terreur jamais éprouvée auparavant se sont écoulées.

J’ai prié le Créateur pour que nous nous en sortions en vie.

C’est ainsi que nous avons roulé dans la ville, témoins de scènes que l’on ne voit que dans les films.

On a quitté la ville et prendre la route 232. J’étais à bout de souffle et je remercie Dieu que nous ayons réussi et sauvé les enfants.



Victoria P.







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