Tout a commencé comme la meilleure fête à laquelle nous avons jamais assisté, de belles personnes, de la bonne musique, tout le monde était sur la même longueur d’onde.
6 h 30 est arrivé et la musique s’est arrêtée soudainement. En levant la tête, nous avons vu des roquettes dans le ciel, certaines interceptées par le dôme de fer et d’autres qui atterrissaient à côté de nous.
À cet instant, vous ne comprenez pas l’ampleur du désastre, mais j’ai immédiatement dit à mes amis que j’avais l’impression d’être à Gaza parce que j’avais vécu quelque chose de semblable pendant le service militaire.
De suite, je leur ai dit d’aller à la tente et de prendre toutes les affaires importantes, de foncer à la voiture, d’aller au carrefour le plus proche et de se cacher dans un abri.
A posteriori, c’était la pire idée à proposer à ce moment-là. Heureusement, nous n’avons pas fait ça.
Nous quittons le parking. Il y avait un énorme embouteillage, mais nous avons réussi à rejoindre la route et avons été dirigés à gauche, direction Nord, vers Bééri.
Après quelques centaines de mètres, des gens faisaient demi-tour sur une ligne de séparation continue et criaient par la fenêtre " faites demi-tour ! Il y a des tirs de missiles! ".
Au bout de quelques minutes, on s'est rendu compte que c’étaient des escouades terroristes qui tiraient des rafales sans interruption.
Au bout de quelques minutes, on s'est rendu compte que c’étaient des escouades terroristes qui tiraient des rafales sans interruption.
On arrive au bouchon de la sortie du parking. C’est une vision apocalyptique.
On croise une voiture et une ambulance, et depuis la fenêtre j’entends : « Nous avons un évènement avec de nombreuses victimes ! », ça veut dire nous avons un évènement avec de nombreuses victimes et une intrusion de terroristes sur le territoire.
Une fille avec une balle dans la jambe et un gars également avec une balle dans la jambe sont arrivés à l’ambulance.
À ce moment-là, les rafales de tirs en provenance du sud se rapprochent énormément. Nous ne comprenons pas pourquoi les gens n’avancent pas et nous réalisons qu’il y avait probablement déjà des corps sur la route à cause des tirs des terroristes.
C’est là qu’on a compris qu’il fallait abandonner la voiture. Nous avons commencé à fuir à travers champs, nous arrêtant toutes les quelques minutes pour discuter, indécis, de ce qu’il fallait faire. Finalement, nous continuons à courir.
Nous ne comprenons pas pourquoi les gens n’avancent pas et nous réalisons qu’il y avait probablement déjà des corps sur la route à cause des tirs des terroristes.
Dans ces moments, les pensées défilent dans notre tête sans s’arrêter.
Nous courons à travers champs avec beaucoup d’autres personnes (on parle d’une centaine). Dans une de ces courses folles, on a vu une voiture de police, le policier avait une balle dans la jambe. Il est sorti de la voiture, y a fait monter une fille et a continué à courir alors qu’une y’en avait pour plusieurs centaines de mètres et que chaque fois que nous entrons dans une zone spécifique, nous recevons une rafale de tirs.
Nous fuyions à pied depuis environ deux heures, dans des courses folles. Ma seule pensée était de ne pas regarder en arrière, quoi qu’il arrive pour ne pas voir des horreurs et des gens tomber à côté de moi.
D’un côté je pense que tout ira bien, mais de l’autre, il me traverse l’esprit que nous sommes cernés, de tous les côtés, et je me dis que ma fin est peut-être proche, les tirs se rapprochent, c’est notre fin, mais je continue à courir.
D’un côté je pense que tout ira bien, mais de l’autre, il me traverse l’esprit que nous sommes cernés, de tous les côtés, et je me dis que ma fin est peut-être proche, les tirs se rapprochent, c’est notre fin, mais je continue à courir.
Lors de ma dernière course folle qui a duré environ 2 minutes, les rafales nous visaient. Dieu merci, j’avais été à l’armée, je savais que dans des situations comme celle-ci, il fallait courir dans les ruisseaux ou près de fourrés, et c’est là où j’ai guidé mes amis.
Est-ce vraiment ce qui nous a sauvés ? On ne le saura probablement jamais…
On est arrivés dans une montée très difficile et nous avons atteint une zone agricole.
Je rappelle que lors de la dernière course, les tirs nous visaient et j’étais sûr que si je regardais en arrière, je verrais des horreurs.
On est arrivés en haut de la zone agricole où il y avait plein de véhicules de qui appartenaient aux festivaliers qui avaient réussi à fuir par la route. Dans cette zone, j’ai crié à mes amis de monter dans la première voiture qui accepterait de nous prendre et de nous emmener loin d’ici.
J’ai essayé de monter dans l’une d’elles, une, mais elle était verrouillée, nous avons cogné à la fenêtre pour qu’on nous ouvre au vu de la situation. Les rafales étaient tellement proches, que si une balle s’écrase près de toi, le bruit ressemble à un coup de poing, et c’est à cela que ça ressemblait. Ils, nous ont ouvert, nous avons sauté à l’intérieur et nous sommes enfuis. Après quelques minutes, nous n’entendions plus les rafales de tirs. J’ai vérifié sur Google Map que l’on s’éloignait vraiment de la clôture de sécurité. J’ai vu que l’on allait bientôt rejoindre la route 232.
Juste un peu après, on a découvert des centaines de cadavres sur la route et des véhicules brûlés. On est passés là un peu avant d’arriver au kibboutz Tzé’élim et grâce à D.ieu et de nombreux miracles, nous allons bien.
Juste un peu après, on a découvert des centaines de cadavres sur la route et des véhicules brûlés.
Il est important pour moi de mentionner mon amie Doreen Attias, que sa mémoire soit bénie. Ajouter « que sa mémoire soit bénie » après son nom me semble une absurdité, comme un rêve étrange.
Le dernier appel de Doreen m’était destiné, mais je n’ai pas pu lui répondre parce que j’étais en fuite pour sauver ma vie.
Le dernier appel de Doreen m’était destiné, mais je n’ai pas pu lui répondre parce que j’étais en fuite pour sauver ma vie.
Je t’aime et tu me manques, je ne t’oublierai jamais, je te promets que tu seras toujours avec moi.
Yaniv M.